Viens avec moi

Le shérif trouve Lilian recroquevillée dans sa voiture. A ses côtés, la dépouille de son chat. Un homme, Blackway, la harcèle et a même tué son chat. Ne pouvant (ou voulant) rien faire, le shérif conseille à la jeune femme de faire appel à Scott qu’elle trouvera au Moulin, une ancienne fabrique de chaises. Mais ce sauveur est absent. Le patron, Whizzer, ancien bucheron en chaise roulante, décide de venir à son aide et la confie à Les et à Nate. Le premier est un homme sans âge connaissant toutes les ruses. Le second est une armoire à glace dont l’intelligence est souvent remise en cause. Ce trio se lance donc à la recherche de Blackway, homme qui n’inspire que la peur.

Ce roman est prenant par l’utilisation d’un procédé classique, l’unité de temps. Peu de flash backs ou de pensées intérieures viennent perturber l’avancée du temps. Le lecteur passe la journée aux côtés de Lilian, Les et Nate qui suivent à la trace cet homme dangereux, brutal et menaçant. En parallèle, quelques bribes de conversation entre Whizzer et les habitués du Moulin. Ces moments d’échanges nous éclairent sur l’ambiance de la ville, sur les personnalités de chacun. Ce roman est un jeu de ping pong entre l’avancée d’une quête et des dialogues drôles, vifs et glaçants, frisant les brèves de comptoir. Le trio recherchant Blackway erre dans des endroits morbides où on attend le moindre geste violent. Tout est contenu. Au Moulin, les langues se délient facilement, permettant de mieux cerner la violence de Blackway et les mentalités de ces trois poursuivants. Ce livre fourmille d’idées tant sur les personnages que sur les lieux. Ainsi, Lilian attend toujours une bagarre qu’évite malignement ses acolytes. Elle qui dénonce la faiblesse de ces hommes et leur violence facile semble impatiente de voir la fureur éclater. Elle en serait même soulagée. Cela amplifie la confrontation tant attendue qui devra délivrer toute une ville. Un des lieux qu’il visite est recouvert de sciure, ce qui ne laisse aucune trace sur le sol. Ce détail marque parce qu’il indique sur les sauveurs de Lilian et tous les hommes de la ville. Aucun n’espère marquer son passage sur terre. Il y a une sorte de désespoir.

La narration est efficace par ses effets de dramaturgie, par ses personnages qui se révèlent peu à peu et des décors frappants aux descriptions directes.

Ce roman de Castle Freeman Jr et traduit par Fabrice Pointeau, est publié chez Sonatine au prix de 17€.

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