Assia

Un jeune homme nous raconte une rencontre marquante de son passé. Parti découvrir le vaste monde, il croisa la route d’Assia et de son frère. Le cœur a ses raisons que la Raison ignore.

Le bonheur était devenu possible, et j’hésitais, je le repoussais, je devais le repousser… Sa soudaineté me troublait. Assia elle-même, avec sa tête fougueuse, son passé, son éducation, cet être attirant, mais étrange, je l’avoue, me faisait peur. Mes sentiments luttèrent longtemps en moi.

Cette nouvelle illustre parfaitement les tourments du cœur. Tout repose sur les possibilités d’un amour, d’un grand amour et de sa justification. Faut-il laisser parler la passion ou la raison ? Cet élan du cœur présent dans un pan immense de la littérature est l’une des bases de la création de Tourguéniev. En quelques pages, il réussit à nous plonger dans un océan de questions. C’est beau, émouvant, étourdissant. L’équilibre de ce récit vient de la rencontre entre un corps (portant les stigmates du passé) et d’une tête sans corps, du sensoriel et du psychologique. Assia est un corps en mouvement, insaisissable, une force en laquelle il faut avoir confiance. Cette fougue provoque la fébrilité du narrateur dont l’esprit tente de la retenir par des mots. Mais cela ne fonctionne pas. Les dernières pages montrent le pincement persistant dans le cœur du narrateur, justifiant ce flash back. Une nouvelle magnifique dont des phrases résonnent encore bien après. La justesse des états d’esprit a traversé les frontières et le temps.

Ce roman, traduit et annoté par Edith Scherrer, est publié par Folio bilingue au prix de 6,60€.

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