Franklin – les prisonniers de l’Arctique

Scénario et dessin de Michel Durand

Des hommes cloîtrés par le froid cuisinent leurs vêtements et les rideaux de la cabane pour remplir leur estomac. Quand un des leurs rentre brusquement avec de la viande, c’est l’euphorie… Mais de quel animal provient-elle ? Quelques années après, un des hommes, Franklin, repart à l’aventure. Sa femme est venue visiter l’un des navires de l’expédition. Le 19 mai 1845, le HMS Erebus et le HMS Terror quittent les côtes anglaises en direction de l’Arctique dans le but de tenter la première traversée du passage du Nord-Ouest. Aucun marin ne revint vivant.

L’auteur Michel Durand raconte une tragédie suprême où l’humanité perd ses repères en tombant dans le cannibalisme et la folie. Les premières planches plantent le décor, l’aveuglement provoqué par la faim et la profondeur d’une violence. Franklin, en imaginant la nouvelle expédition, veut se racheter un honneur et une réputation. C’est un voyage lourd de sens qui commence et rapidement, on sent que les hommes ne parviendront pas à survivre au froid terrible de l’Arctique. Les premières pages baignent dans une ambiance polaire grâce à un fond immaculé derrière les cases. Cette impression ne nous quitte pas de toute la lecture. Les cases sont petites, serrées, provoquant des plans rapprochés la plupart du temps. On est proche de ces êtres, de ces corps qui bientôt seront confrontés au froid et perdront leur forme. Pour raconter cette expédition qui est restée mystérieuse pendant plusieurs décennies, l’auteur met en scène l’aventure elle-même, le blocage dans l’Arctique mais également l’attente en Angleterre. L’épouse de Franklin espère le retour de son mari et sa croyance, habitée par une intuition intime, augmente la tension tragique de cette aventure. On suit les quelques rescapés de l’expédition tentant de retrouver la terre, la chaleur humaine. Leur chemin est embrumé par les hallucinations, les paroles envoyées aux êtres chères mais qui restent dans leur tête. Le décor arctique devient alors une terre d’imagination terrible car elle rappelle que la réalité est loin, terriblement loin. Cela rappelle que ces hommes n’échapperont pas à la mort.

Cette bande dessinée est publiée par Glénat au prix de 15,50€.

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