Vivarium

Le nouveau livre de Tanguy Viel est un recueil méditatif et incarné. L’auteur y est narrateur et personnage, « regardeur » et sujet. On pourrait voir ce livre comme un recueil d’expériences – sensations et réflexions – pour capter le présent, celui d’un auteur, d’un lecteur et d’un observateur. Les morceaux de vie et d’écriture se croisent, s’entrechoquent. Tanguy Viel y parle de ce qui l’intéresse : des paysages, des villes, de la Loire, des livres lues. Ce livre est une quête, intime et sincère, pour trouver le mot juste, la phrase idéale, celle qui permet de transmettre l’expérience vécue, ce que le corps a traversé et ce qui en est resté.

C’est un avantage de la littérature, en fut-il une autre limite, qu’il est permis d’y décrire aussi ses tentatives, ses ratages et même, d’en obtenir rétribution. C’est un peu comme s’il existait, mettons en athlétisme, une cata gelée « vestiaire » qui serait devenue une discipline à part entière. A moins que ce ne soit comme dans ces tournois sportifs amateurs où, trop vite éliminé, on peut se rattraper dans une « consolante ». En littérature, c’est certain, pour le meilleur et pour le pire, la consolante est devenue depuis longtemps un tournoi majeur.

J’ai lu ce livre comme un livre de voyage. Tanguy Viel nous embarque dans ses pensées et les endroits qui ont retenu son attention. C’est donc un voyage intérieur dans l’univers et la recherche d’un auteur, celle de capter le réel et le présent. Derrière Vivarium, ce titre qui définit une espace et un lieu d’observation, Tanguy Viel parle des territoires mais également de temps. Son livre n’a pas la chronologie d’un journal intime. On perçoit ici et là des bribes de son quotidien via les villes où il est passé. Mais le fil conducteur reste son admiration et son désir pour la beauté mystérieuse de la littérature. Cet art permet de saisir et de transmettre la réalité affective.

Peu importe les faits et les personnages, compte uniquement le pouvoir évocateur des mots et le monde contenu dans les interstices des phrases, dans leur rythme. Comment trouver le mot juste ? Par des citations sur cet art ou des extraits de livres marquants, Tanguy Viel partage ses réflexions sur le travail du langage.

En anglais ou en breton, il existe des mots qui n’ont pas de traduction parfaite en français. Choisir une formule revient à donner son point de vue et partager sa manière de voir le monde. On sent ainsi régulièrement la présence d’un auteur, d’un homme qui veut nous transmettre ses sensations et surtout sa sensibilité au monde. Le livre, en proposant un parcours aux multiples chemins, installe un jeu d’échos entre certains paragraphes. Peu à peu, le livre trouve son sens, sa cohérence et son rythme, passant du territoire à l’intime, d’un sujet observé aux secrets de l’écriture. Vivarium est un livre sur écrire et la possibilité de voir le monde par les mots.

Ce livre de Tanguy Viel est publié par les Éditions de Minuit au prix de 18€.

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