Froid comme la mort

Le vice-préfet Schiavone se fait mal à sa mutation à Aoste. Loin de sa famille, de sa ville chérie de Rome, il se retrouve face à un suicide qui se révèle être un meurtre. Il doit donc mener une enquête difficile et de mauvaise humeur.

Humilié. Même à l’école primaire, il n’avait jamais reçu de gifle. On donne une gifle à un enfant indiscipliné, à un étudiant peu volontaire. Pas à un sous-secrétaire respecté, membre du parti de la majorité, un homme devant qui les carabiniers se mettent au garde-à-vous. Puis il comprit. Il comprit tout. Un sigle avec l’horrible étoile à cinq branches apparut dans son esprit en même temps que le portrait du grand homme d’État du parti démocrate-chrétien enfermé dans une tanière en attendant son exécution. D’accord, pensa-t-il. 

Ce roman est noir, par la mise en scène du meurtre, par l’humeur de son héros et par la violence qui ronge la société italienne. Nous nous retrouvons face à des éléments présents dans un genre bien codifié et l’auteur parvient difficilement à fluidifier tous les éléments narratifs. L’enquête laisse de marbre rapidement et face à la résolution, le lecteur précède l’enquêteur. Celui-ci est effectivement de mauvais caractère, ce qui ne lui apporte pas forcément beaucoup de charisme. Il est refrogné mais cette distance ne s’atténue pas. Heureusement, il y a des parenthèses, des respirations, trop peu exploitées, pendant lesquelles les personnages errent dans leurs pensées, dans leurs gestes. L’incertitude des êtres interpelle dans ce monde qui a un but (de retrouver de l’ordre, un équilibre). Par exemple, les souvenirs du bonheur amoureux de Schiavone closent les chapitres. Mais ce ne sont pas tant les mots eux-mêmes du bonheur qui bouleversent que la marque qu’ils laissent dans la tête de Schiavone. La psychologie et la sensibilité n’ont pas pris assez de place.

Ce roman d’Antonio Manzini, traduit par Anaïs Bouteille-Bokobza, est publié par Folio au prix de 7,20€.

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