La Robe blanche

Nathalie Léger raconte en parallèle la relation avec sa mère et sa découverte d’une histoire intrigante, celle d’une jeune femme habillée d’une robe de mariée désireuse de relier Milan à Jérusalem. Au cœur de ces histoires croisées, la robe blanche, symbole autant de soumission et d’une certaine liberté de la femme.

On dit qu’il existe, quelque part au fond d’un creux herbeux de la lointaine
forêt Stariï Zakaz sur le domaine d’Isnaïa Poliana, une baguette verte sur laquelle
est gravé le secret de la souffrance des hommes et la formule qui permet d’effacer
le mal en eux pour toujours. Enfants, Tolstoï et ses frères savaient que la baguette était là, au fond du creux du fond de la forêt, rayonnante de toute la force de son énigme et de son rêve immortel. C’est là, dans la forêt, près de la baguette verte, que Tolstoï a demandé
à être enterré. Chacun de ses récits est une recherche éperdue de la baguette, la tentative de déchiffrer la formule, de percer le secret. 

Les premières pages de ce récit sont un peu difficiles. Nathalie Léger nous plonge directement dans les deux histoires parallèles. Il y a le parcours de la jeune artiste au destin tragique et la relation de l’autrice avec sa mère. Ces passages de l’un à l’autre dès le commencement sont très rapides, installant un léger brouillard dans la narration. Ce qui est rassurant c’est que cela nous rapproche de l’autrice car le récit repose sur le dévoilement d’une voix intime et personnelle. Chaque sujet est traité de manière égale. Ainsi les actes des artistes se mêlent à la vie très banale de la mère de Nathalie Léger. Tous les éléments sont réunis pour soutenir la concentration de l’autrice : elle questionne le réconfort dans notre monde. Que ce soit un drame personnel du passé ou un acte artistique d’aujourd’hui, Nathalie Léger tisse le constat d’un malaise dans la société et des moyens de le soulager, de l’amoindrir. Elle marche dans les pas de Pipa Bacca pour détailler chaque geste et définir une cohérence du réconfort. Ce chemin pourrait un guide pour elle dans son soutien à sa mère. Ce texte est plein d’élan et de vie. L’humour pointe parfois dans les descriptions du quotidien maternel. Cela fait partie du réconfort.
Très rapidement, l’écriture et l’observation précise créent un cocon très rassurant, une enquête solide à but totalement humaniste. Le texte très dense file à vive allure. Les jalons se posent les uns après les autres permettant aux dernières pages d’atteindre une émotion paroxysmique. Nathalie Léger donne aux artistes un rôle libérateur très fort.

Ce texte est publié par P.O.L. au prix de 16€.

Laisser un commentaire