Après de multiples péripéties et rencontres, un petit singe couleur de rose comprend mieux le conseil promulgué par son père : «Prends garde, Pipì ! Un jour ou l’autre, à force de singer les hommes, tu vas en devenir un à ton tour… et alors! Alors, tu le regretteras amèrement, mais il sera trop tard!»
Le petit singe se mit à nouveau en mouvement ; mais il avançait précautionneusement, d’un pas de tortue, cahin-caha, comme s’il marchait sur des œufs. Une fois devant le miroir, il jeta tout juste un premier coup d’œil furtif; et, reculant épouvanté, il se mit à pousser des cris désespérés ; « Oh comme je suis laid !… Oh ma pauvre maman, on a défiguré ton petit singe!… Je ne suis plus moi-même!… Je ne suis plus Pipi!… On m’a habillé en homme… et je suis devenu un monstre épouvantable. »
Ce court roman est un bijou de rebondissements, de rythme et de dialogues. Carlo Collodi, journaliste d’origine et auteur du cultissime Pinocchio, raconte ici les péripéties complètement folles d’un petit singe. Les personnages qu’il rencontrera sont tous des miroirs déformants, révélant ainsi des facettes du monde mais également mettant en lumière les failles de sa propre personnalité. Ce jeu d’aller-retour psychologique permet de pointer les valeurs sans faire peser une morale lourde sur l’histoire. On ne peut qu’admirer le talent de l’auteur pour placer ses personnages avec une réelle efficacité et force. Ils sont présents dans l’histoire très rapidement donnant une force à la narration et apportant des précieuses informations sur Pipì. Celui-ci démontre toute sa gouaille, sa mauvaise foi, ses peurs et ses envies. Le personnage prend toute sa mesure dans les confrontations grâce aux dialogues très enlevés. C’est un vrai jeu de ping-pong magnifiquement restitué par la traduction. Les mots sonnent et résonnent à tel point qu’ils amplifient le rythme des rebondissements et la fougue de toute cette aventure.
Ce roman, traduit par François Bouchard est publié par Folio (collection bilingue) au prix de 7,40€.
Le tourneur de pages 