Le banquier du Reich tome 1

Scénario de Pierre Boisserie et Philippe Guillaume
Dessin de Cyrille Ternon
Couleurs de Céline Labriet

Tel-aviv, 1951. Hjalmar Schacht et son épouse sont surpris de découvrir que leur vol doit faire escale dans la ville israélienne. Au décollage, un jeune homme, agent du Mossad, veut s’entretenir avec Hjalmar, ancien ministre allemand, jugé et acquitté lors des procès de Nuremberg.

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La couverture donne la mesure et le ton de cet album. Apparaît la stature d’un homme, un ministre de dossiers, animée par une raideur et une intransigeance. Dans la continuité des BD historiques de Glénat, cette nouvelle série se concentre sur cet homme, sur sa cohérence sensible et intellectuel derrière l’image. Cet album veut percer le mystère. Dès le début, dans les dessins, tout est là. Les décors sont plantés. l’époque, l’ambiance également. Les dialogues sont clairs, développant l’histoire et présentant les personnages. Cette BD est avant tout une histoire d’êtres. Le travail sur les figures incontournables est marquante. Les traits des figures marquantes du XXème siècle (Hitler et Goering reviennent régulièrement) ne sont pas trop accentués. La finesse du dessin permet alors de les mettre en scène. Ce ne sont pas des statues ou des caricatures. Leurs paroles, dans toute leur violence et leur détermination, se font entendre. La rhétorique est au cœur de la relation entre Schacht et le régime politique. La parole de cet homme de l’ombre doit être rétablie dans toute sa complexité. C’est toute sa logique et les aléas de son histoire qui mènent la bande dessinée. Le contexte n’écrase pas le personnage de Schacht. Attaché à ses théories économiques et désireux de sauver son pays, il semble ne pas vraiment voir la montée du nazisme et imaginer les conséquences possibles. Finalement, les auteurs excluent rapidement cet aveuglement pour pointer la position délicate (et discutable ?) choisie par cet homme : rester proche du pouvoir pour mieux le contrôler et ne pas rentrer en opposition ouverte. Alors s’ouvre la brèche d’une drôle de résistance. Pour autant, à aucun moment ne s’établit une tentative d’héroïsation du personnage. Dialoguant avec cet agent du Mossad qui rappelle le contexte et les mots employés à l’époque (derrière lesquels se cachent une idéologie), Schacht reste d’une droiture imperturbable, mû par une solide assurance. Faisant quelques rappels à sa vie privée, les auteurs travaillent le portrait d’un homme, de ses parts d’ombre, de ses choix pour définir sa logique, sa cohérence. Il s’agit de dessiner un bloc et ce premier tome parvient à le constituer tout en conservant les failles de l’homme en suspens. Vivement le tome 2 !

Cette bande dessinée est publiée par Glénat au prix de 14.50€.

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