La Longue marche des dindes

Scénario, dessins et couleurs de Léonie Bischoff
d’après le roman de Kathleen Karr

Missouri, été 1860. Après avoir quadruplé son CE1 à 15 ans, Simon diplômé d’office par Miss Rogers se voit refuser l’entrée en CE2 et doit gentiment déployer ses ailes. Aussi, le soir même de cette mauvaise nouvelle, lorsqu’il apprend que les dindes sur pattes valent 20 fois plus à Denver que chez lui, il décide d’acquérir 1000 têtes pour les convoyer sur 1000 kilomètres et prouver ainsi qu’il a le sens des affaires. Il recrute pour l’escorter une équipe improbable avec laquelle il va devoir traverser le désert !

Par cette bande dessinée, je découvre l’histoire imaginée par la romancière Kathleen Karr et mise en images par Léonie Bischoff. Celle-ci s’empare avec joie du personnage de Simon, adolescent aventureux porté par la confiance de Miss Rogers. Seul, il saura compter sur la présence d’autres solitaires. Reprenant un thème très américain, le road trip et la découverte de l’Ouest, Léonie Bischoff raconte une aventure pleine de souffle où les personnages ne disparaissent jamais derrière les rebondissements. Ainsi, au fur et à mesure du voyage, des êtres arrivent dans la vie de Simon. Chacun.e porte sa part de traumatisme et de drame. Rien n’est vraiment éclipsé mais toujours dit avec beaucoup de finesse et de franchise. Les personnages affrontent la réalité de leur pays et de leur société. Face à un père absent, à un rejet de la vieillesse, à un esclavagisme ancré, à un gouvernement abusif et aveugle ou à un machisme incessant, la petite troupe devra trouver sa place.

La quête de cet endroit idéal est également un moyen de travailler le thème de la famille qui se compose pax choix plus que par génétique. La narration de Léonie Bischoff, son dessin qui capte autant la douceur que la noirceur du monde avaient déjà ébloui dans sa bande dessinée consacrée à Anaïs Nin. L’écrivaine menait sa vie sur une mer de mensonges, ici Léonie Bischoff nous embarque dans un voyage fait de vérités. Les choses sont dites, Simon apprend à sortir de sa solitude pour être avec les autres. Il doit les écouter, entendre leurs paroles, leur volonté et la respecter. Au coeur de cet Ouest sans foi ni loi, l’adolescent apprend au-delà du refus a mettre en pratique de nouvelles relations sociales.

Cette bande dessinée est publiée par Rue de Sèvres au prix de 18€.

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