En douce 

Simon Diez repère, lors d’une soirée, une jeune femme, Émilie. Elle est très entreprenante et arrive à se faire raccompagner chez elle, une petite maison située dans le chenil où elle travaille. Simon est plus ou moins sous le charme, jusqu’à ce qu’Émilie lui tire dessus. La jeune femme révèle alors les secrets de sa vie et les raisons de son geste.

La femme s’était volatilisée. Simon se demanda s’il avait rêvé. Il s’assit sur un plot, sortit une Camel Blue Light de son paquet et fit claquer son Zippo. Au-dessus de lui, épilogue et bouquet final, version tirs de mortier et artillerie lourde. 

Bang! Bang! bang!

La foule retint son souffle, puis les gens autour de lui se mirent à siffler et applaudir. L’obscurité retomba sur  la plage, le gamin dans les bras de son père hurla de plus belle, Mickey tira sa révérence, s’envola pour de bon et disparut dans la nuit, l’électricité fut rétablie. Simon tira deux bouffées sur la cigarette, la jeta à ses pieds et l’écrasa du talon. Quand il se redressa, la femme était plantée devant lui, mains calées sur les hanches et moue interrogative. Il prit son temps pour se lever, le souffle coupé. 

Nom de dieu!

Elle n’avait d’yeux que pour lui. 

Les deux premiers chapitres sont saisissants. En quelques pages, Marin Ledun parvient à présenter ses deux protagonistes, à les ancrer dans un décor essentiel et créer un rebondissement inattendu. Le lecteur ne peut se poser qu’une seule question : « Pourquoi? ». Cette écriture vive et précise est alors complètement bousculée. Le virage proposé par l’auteur est très intéressant car il ne va pas du tout énumérer des faits et des justifications mais tenter d’approcher l’insondable. Le livre est un portrait psychologique et sentimental d’Émilie. Cette jeune femme, marquée par un accident de la route, a mené une vie dans laquelle tous les morceaux ne se relient pas. Ces fêlures expliquent son geste violent vis-à-vis de Simon. C’est le silence, l’absence de raisons explicites qui permettent de comprendre cette femme. Ce choix narratif permet une grande participation du lecteur qui scrute alors les errements d’Émilie. A cela s’ajoutent de nombreuses précisions sur le corps meurtri d’Émilie. L’auteur interroge les marques de la vie. Toutefois, la suprématie de cette jeune femme écrase les autres personnages et le roman souffre de quelques longueurs. En déroulant le fil d’une vie, les aléas d’un chemin marin Ledun met en scène une véritable émotion qui explose grâce à une fin crédible et sensible.

Ce livre de Marin Ledun est publie chez Ombres Noires au prix de 18€.

3 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. bookbythebay dit :

    Bonne chronique !
    Je le lis en ce moment pour un prochain article sur mon tout nouveau blog bookbythebay.wordpress.com
    Je me lance moi aussi ! Palpitant mais stressant !
    A bientot ! 😉

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    1. tourneur de pages dit :

      Le temps a passé, vous avez, je suppose, fini ce roman. J’en ai un bon souvenir autant dans le rythme que dans ses personnages. Un roman virevoltant. Et vous ?

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