Histoire de Philippe Thirault
Dessin et couleurs de Nadar
Un jeune homme, endormi sous un pont, apprend à la radio la mort de Franco. Cette annonce le plonge quelques mois auparavant. Antoine était jeune, avide de gloire. Mariée à une riche espagnole, il partit à la conquête de la péninsule ibérique. Il découvrit alors le succès, la dictature, l’amour, l’argent, l’alcool…
Le scénario proposé est très riche car l’auteur croise les environnements. Cette BD dresse autant un portrait d’un arriviste fragile que d’un pays sous dictature ou des dépendances envahissantes (alcool et argent). Le ton varie donc entre l’intime et le destin d’un pays et de ses citoyens meurtris. La violence de la dictature franquiste se retrouve dans la refuge de l’alcool. Malgré l’ambition de cette histoire, la narration souffre d’un manque de souffle, peut-être du à la variété de tons.
Visuellement, la BD est frappante. Passées les premières pages sombres, l’histoire nous plonge dans un univers coloré. Il ne s’agit pas juste d’une explosion injustifiée mais une belle manière de présenter le pays et l’illusion. Antoine est noyé dans un tourbillon de couleurs qui lui tourne la tête. Les choix de couleurs décrivent très bien l’époque des années 1970, fantasme d’une gloire accessible. L’histoire dont la base est de décortiquer l’aveuglement des mythes (la vie au soleil, l’amour, l’argent…) trouve son prolongement dans les dessins. Le découpage est très rythmé et compense les lenteurs de l’histoire.
Cette BD est publiée par Futuropolis au prix de 19,50€.
Le tourneur de pages 