M.O.R.I.A.R.T.Y / tome 1 Empire mécanique

Scénario de DUVAL et PECAU
Dessin de Stevan SUBIC
Couleur de Scarlett SMULKOWSKI

Londres, septembre 1899. Un homme pénètre rapidement dans un fumoir. Il a besoin de drogue pour se calmer. Trop tard, le docteur Jekyll a disparu au profit du monstre. Au même moment, dans la même ville, le détective Sherlock Holmes parvient à faire imploser un robot joueur. Les deux êtres vont se croiser grâce au terrible Moriarty.

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Les deux univers littéraires ont forgé une fascination sans limite. Ainsi, Holmes et Jekyll se retrouvent régulièrement dans la création contemporaine. Les auteurs de cette BD ont à leur tour puisé dans la force atemporelle de ces personnages pour poursuivre au-delà de la mort. Cette histoire se situe après la mort de Sherlock Holmes (qui reviendra à la vie) et celle confirmée de Moriarty. De page en page, on ressent une profonde menace grandir. Cette tension perceptible est très réussie. En mêlant les sciences et la mécanique, les auteurs utilisent les hobbies de l’époque pour faire une histoire très fidèle à l’esprit du XIXème siècle (tout en permettant des allusions à Blake et Mortimer). Il y a autant d’élégance que d’action. Holmes est un homme de terrain, ne reculant devant aucune difficulté, aussi à l’aise aux jeux de cartes que dans la lande. Les scènes de combat sont d’une très grande fluidité et on peut noter un rendu des matières très intéressant (le sang très épais, les costumes très lourds).

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Le dessinateur ne joue pas sur le réalisme mais sur les sensations et tout cela dans un clair obscur très pénétrant. Le mystère reste entier jusqu’à la dernière planche, laissant deviner un deuxième tome très impressionnant. Cet exercice de style laisse de côté la psychologie souvent exploitée des personnages (notamment une profonde dépression) pour revenir à l’affrontement du Bien et du Mal. Une mise en scène des physiques est alors utilisée. Le port très hautain de Holmes s’oppose aux dos courbés de Jekyll, de Moriarty et des autres. L’élément très marquant est le travail des visages, souvent déformés par la lumière. Rien n’est très net. On ne peut pas lire les intentions très précisément. Il y a forcément une part d’ombre à explorer, à deviner. C’est cette obscurité profonde, inquiétante et épaisse qui donne toute sa force à cette BD.

Cette BD est publiée par Delcourt au prix de 15,50€.

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