Patricia

Au Canada, Jean Iritimbi, un Centrafricain sans papiers, rencontre Patricia, une femme blanche, qui s’éprend de lui. Pour le ramener avec elle à Paris, elle vole le passeport d’un Afro-Américain. Mais Jean Iritimbi n’a pas dit à Patricia qu’il a une famille au pays, une femme et deux filles. Il apprend en les appelant qu’elles sont en route pour le rejoindre. Hélas, le bateau qui les transporte fait naufrage. On annonce peu de survivants.

Nous avons répandu ensemble les cendres de votre mère au pied des chutes. Sans elle, disiez-vous, vous ne saviez ce que vous alliez devenir, c’était votre vie qui s’en allait dans les eaux bouillonnantes. Vous pleuriez et, moi, j’ai été gagné par vos larmes. Vous avez cru que je partageais votre douleur, mais je me dois de vous le dire, aujourd’hui que je vous raconte tout, ces larmes ne vous appartenaient pas. C’était celles d’un mauvais fils.

Patricia est le prénom d’une femme occidentale à qui s’adresse le narrateur dans le première partie de ce roman. Jean Iritimbi se confesse et prend le temps d’expliquer tout son plan pour enfin quitter son pays. Il éclaire les zones d’ombres et le drame qui l’a saisi. La peur fut telle qu’elle a détruit tout son stratagème. Cette parole suivie ensuite par celle de Patricia livre tous les compromis et les espoirs d’un être. Au fond de cet homme et de cette femme, il y a un espoir d’un futur qui pour exister doit être protégé. Il ne faut surtout pas voir la réalité mais essayer de s’arranger avec, de la contourner. C’est donc ce zigzag sentimental que nous ressentons en entendant les voix de ces deux êtres. Leur présent est habité par un idéal, une rêverie. La confrontation avec le réel, avec les accidents de la vie, sera terrible. Se dessine alors le courage de résilience et de survie. Geneviève Damas esquisse une carte du territoire actuel de l’Humanité, entre vie et survie.

Ce roman est publié par Folio au prix de 6,20€.

Laisser un commentaire